[Critique] PLAYBACK (2012/2014 - VOD) de Michael A. Nickles

ADRÉNOMÈTRE  ♡ 
NOTE  TV TV TV TV TV 

Alors qu'ils enquêtent sur un événement tristement célèbre qui s'est déroulé par le passé dans leur ville, un groupe de lycéens déverrouille sans le savoir un sombre secret. Désormais, un mauvais esprit a été réveillé et ne s'arrêtera pas avant d'avoir trouvé son seul et unique héritier.
 
Dans la série des gueules connues muées en personnages malsains, dans le sillage d'un Elijah Wood (Maniac), ou d'un Christian Bale (American Psycho), c'est cette fois Christian Slater, à la carrière légèrement déclinante ces dernières années, qui endosse la panoplie de la star pas nette. Enfin, à la différence notable avec ses proches cousins qu'il ne tient pas le premier rôle du film, loin s'en faut.
À se demander si sa présence ne tient d'ailleurs pas plutôt du simple argument commercial, mais cela reviendrait à dire que l'on voit le mal partout, ce qui serait purement hasardeux, voire calomnieux, non ?
Heureusement, l'intérêt du film ne se résume pas à l'unique prestation d'un Slater qui fait toutefois bien son boulot, ni à celle d'aucun autre acteur d'ailleurs puisque l'interprétation générale oscille en permanence entre le tout juste correct et le carrément moyen. Sans parler, évidemment, de la sempiternelle question des doublages français, une fois de plus à bannir. 
Mais heureusement, côté scénario et réalisation, on a droit à quelques bonnes idées, malgré un aspect général et persistant de série B fauchée. On note, en plus de ses références évidentes à Ring, une certaine influence du cinéma de Wes Craven (encore des djeuns lycéens) mais plus précisément celle de deux œuvres décomplexées et peu appréciées (mais par nous si !) que sont My Soul to Take, dont l'introduction et même une partie de l'intrigue semble un quasi copier/coller, mais aussi Shocker dont il épouse le principe de base. 

On retrouve aussi des effets de montage épileptiques de type La Secte Sans Nom mais qui ne font pas illusion bien longtemps, et Michael A. Nickles semble s'en rendre compte rapidement en réduisant ses effets de peurs artificiels à quelques jump scares, faisant passer son film de l'épouvante à une horreur de facture plus classique. Les amateurs apprécieront à ce titre les quelques scènes sanguinolentes et très graphiques à base de bouts de cervelle, d’œil crevé, et autre headshot pour relever un peu le tout. Sans oublier non plus le respect d'un certain quota (ici réduit au minimum) de scènes sexy.

Écrit et réalisé par Michael A. Nickles, Playback bénéficie d'un scénario qui tient quasiment du miracle dans le monde peu novateur du cinéma d'horreur. Un point d'autant plus intéressant pour nous français, puisqu'il rend carrément hommage au véritable inventeur du cinéma qui est ? Non non, pas Thomas Edison ! Non, pas les Frères Lumières non plus !

Intermède historique de bon aloi

Edison (l'inventeur officiel relaté dans le film par un personnage) dépose effectivement un premier brevet pour le "kinétoscope" en 1888, qui est alors au stade de projet et ne sera fabriqué qu'un ou deux ans plus tard. Sauf que son système n'est pas au point, et seule une personne à la fois peut regarder dans une  petite fenêtre qui ne fait qu'enchaîner un certain nombre de photographies. Playback exploite une facette troublante de l'histoire du cinéma, beaucoup moins connue du grand public. Elle concerne un autre personnage, Louis Aimé Augustin Le Prince, rien moins que le réalisateur du tout premier film (extrêmement court, mais film quand même), soit une scène tournée au jardin de Roundhay (Angleterre) en 1888, 7 ans avant les sorties d'usine des frères Lumières. Le chimiste et ingénieur a disparu dans des conditions mystérieuses à Dijon en 1890. Comme par hasard, son révolutionnaire joujou, fruit d'années de travail et de finances en souffrances, doit être bientôt déposé en Grande-Bretagne et présenté aux États-Unis. Évidemment, des soupçons invérifiables pèsent autant sur Thomas Edison que sur des membres de sa famille potentiellement malintentionnés, mais aucune enquête n'a permis de découvrir le fin mot de cette histoire...


Dans Playback, ce premier petit film de deux secondes est exploité de manière réellement angoissante, l'auteur se tapant même le culot de modifier une partie des faits entourant ce tournage pour l'intégrer à une sombre histoire surnaturelle. Culotté donc, mais d'autant plus efficace lorsqu'on y associe tous les drames et mystères qui se sont succédé par la suite.

Si Michael A. Nickles se lance ici dans une entreprise hautement ambitieuse, le pari n'est que partiellement réussi. Les qualités de montage, et notamment de raccords, rendent l'ensemble davantage technique que proprement esthétisant, ce qui est dommage puisqu'en plus de souffrir d'un cachet "téléfilm", Playback distille une atmosphère assez inégale, qui ne réussit pas à scotcher réellement.

Toutefois, le métrage parvient régulièrement à détourner l'attention de ses faiblesses pour mieux se concentrer sur ses réussites, et offrir une histoire, à défaut d'être imprévisible, plus intrigante que la moyenne des films du genre. Et au milieu de ces remakes et clones scénaristiques, Playback a le mérite de nous faire songer qu'il serait peut-être temps de rendre hommage au vrai inventeur du cinéma, non ? Allez Scorsese, au boulot !
N.T.


EN BREF
titre original : Playback
pays d'origine : États-Unis
année de production : 2012
date de sortie française : 8 avril 2014 (VOD)
durée : 98 minutes
budget : 1 600 000 $
adrénomètre : ♥
note globale : 2.5/5

 † EXORCISME †
▲ La base "réelle"
L'utilisation des films de Le Prince
Un peu de gore

 - DÉMYSTIFICATION -
Le cachet téléfilm
▼ L'atmosphère peu convaincante
La VF

LE FLIP
L'utilisation des films de Louis Le Prince dans un contexte maléfique...

LIRE AUSSI
Ring
My soul to take
Sinister


Commentaires

En cours de lecture