THE ONLY CHILD (2019/2021 - BD & DVD) de Lee Cronin [Critique]

Évaluation du dossier : 3.5/5 []

Fuyant un passé douloureux, Sarah emménage avec son fils Chris au milieu des bois. Après une dispute, elle retrouve Chris près d'un énorme gouffre dont elle ignorait l'existence. Troublée par cette découverte, Sarah voit dès lors son quotidien vaciller : son enfant adopte un comportement étrange, tantôt lunaire, tantôt menaçant. Elle ne le reconnait plus...

Dans la droite lignée de Mister Babadook, The Only Child impose sa vision angoissante de la famille monoparentale dysfonctionnelle.

C'est à Lee Cronin que l'on doit ce bien étrange The Only Child. Un nom qui pourrait sembler inconnu au commun des mortels, sauf pour les amateurs de la saga Evil Dead qui en ont forcément déjà entendu parler puisqu'il est aux commandes d'un projet nommé Evil Dead Rise, qui aurait cette fois une héroïne comme personnage principal. Une originalité qui ne manque pas de susciter une certaine attente ici.


Alors certes, le contexte général de The Hole in the Ground, rebaptisé The Only Child pour sa sortie française chez l'éditeur Condor Entertainment, n'est pas d'une grande originalité puisqu'on se retrouve au cœur d'une forêt sombre et inquiétante, dressée à quelques pas de l'habitation de nos deux héros, Sarah et son jeune fils, Chris. Autre impression de déjà-vu : les relations compliquées entre ces deux êtres qui vont devoir affronter leurs peurs à un moment difficile de leur vie. Une jeune mère isolée donc, visiblement en fuite et encore très marquée par un passé que l'on imagine violent, et dont la charge du fils constitue une responsabilité qu'elle assume comme elle peut. Bien sûr, les choses empirent lorsque celui-ci disparaît quelque temps dans la forêt, puis à son retour, quand il semble animé par une nouvelle personnalité.

Si on pense récemment à Brightburn - L'Enfant du mal, la référence la plus prégnante est sans doute Mister Babadook de Jennifer Kent, ou Dark Water de Hideo Nakata, dans cette manière d'exploiter le drame qui se noue dans la vie de Sarah pour construire un contexte anxiogène efficace. The Only Child n'est pas de ces productions qui cristallisent la peur dans quelques jump scares hasardeux, préférant plutôt instaurer une tension psychologique progressive dans les observations de son héroïne (poussant le vice à nous en cacher certaines), dans les non-dits, dans la difficulté à accepter l'inimaginable.


On partage les doutes de Sarah, la mère, interprétée avec brio par Seána Kerslake (My Salinger Year, La Légende de Longwood), encore peu connue mais pas moins brillante. Est-elle folle ? Est-ce un trauma qui fait travailler son imagination ? Est-elle la seule mère qui, parfois, ne reconnait pas son enfant ? Le malaise est là aussi, dans la peur de devoir affronter une situation impossible et qui conduit à la peur de son fils, Chris, interprété par le jeune James Quinn Markey, dont la bouille d'enfant modèle permet d'amplifier le trouble lorsque sa personnalité change et qu'il se met subitement à aimer tout ce qu'il détestait. Jusqu'au moment où Sarah le met devant le fait accompli et l'oblige à montrer son véritable visage, dans un moment de violence inattendue.

Il ne faudra pas s'attendre à un gros film d'action, puisque The Only Child est de ces métrages qui prennent leur temps pour installer leurs enjeux, mais heureusement, Lee Cronin sait parfaitement distiller ce qu'il faut d'évènements étranges pour retenir l'attention du spectateur amateur d'œuvres vénéneuses qui misent tout sur leurs personnages. Il s'appuie aussi sur une large part de mystère, au risque de laisser un peu le spectateur dans le brouillard à l'heure des explications. En outre on sent que le réalisateur s'est fait les dents sur des courts-métrages (dont l'excellent et très Kingien Ghost Train disponible dans les bonus du Blu-ray) avec un sens de l'ellipse peut-être un peu trop prononcé dans le dernier segment du métrage.


Impossible d'en dire plus sans risquer de dévoiler trop d'éléments, mais The Only Child bénéficie d'un petit supplément d'audace – jusque dans sa conclusion inhabituelle pour le genre – qui lui permet de s'en sortir victorieux. Il est de ces œuvres qui prennent leur temps pour s'infiltrer dans l'esprit du spectateur et y implanter la graine du malaise. Et lorsqu'en plus de cela on profite d'une photographie hyper travaillée, mettant en valeur des décors naturels parfaits pour susciter un sentiment d'enfermement et d'angoisse, il n'y a plus vraiment de raison valable pour ne pas tenter une petite balade jusqu'à ce trou dans le sol...
N.F.T.


EN BREF
titre original : The Hole in the Ground
réalisation : Lee Cronin
distribution : Seána Kerslake, James Quinn Markey, Kati Outinen, David Crowley, Simone Kirby...
photographie : Tom Comerford
pays d'origine : Irlande / Royaume-Uni / Belgique / Finlande
budget : N.C.
année de production : 2019
date de sortie française : 24 mars 2020 (VOD/Canalplay) - 22 juillet 2021 (BD/DVD - Condor Entertainment)

durée : 90 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME †
▲ Réalisation soignée
▲ Casting qui fait le taf
▲ Photographie et décors naturels

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Lent
▼ Sujet d'apparence peu original
▼ Un peu trop d'ellipses dans le dernier segment

LE FLIP
Sarah ne reconnaît plus son fils...

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Mister Babadook
Dark Water
Brightburn - L'Enfant du mal



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