[Critique] LA MOMIE (1932) de Karl Freund

Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥]
 
Dans l’Égypte ancienne, le grand prêtre Imhotep a été embaumé vivant pour avoir volé un manuscrit qui devait ressusciter l'amour de sa vie. 3700 ans plus tard, des archéologues britanniques le découvrent, momifié et le ramènent à la vie par accident. Il tente alors de retrouver son amour perdu, réincarné en une jeune femme moderne qu'il doit conquérir.

Après avoir accédé à la célébrité grâce au monstre de Frankenstein, Boris Karloff fascinait une nouvelle fois les foules en jouant le rôle d'Imhotep dans La Momie de Karl Freund en 1932, autre grand classique de l'âge d'or de la Universal.

Grisé par la réussite successive de Dracula puis de Frankenstein, le boss du mythique studio hollywoodien, Carl Laemmle Jr., décide d'ajouter un monstre à son palmarès. Le scénario "originel" est écrit pour Karloff, s'inspirant de la vie de Cagliostro, immortel autoproclamé et véritable star de l'aristocratie française du XVIIIe. Mais il est ensuite réécrit par John L. Balderston, un féru d'histoire, correspondant de presse chargé de couvrir l'ouverture du tombeau de Toutankhamon au début des années 20


D'abord apparu dans la littérature, il aura suffit, au final, d'ajouter un peu de fiction dans la réalité pour que le monstre de la momie naisse au cinéma. Sa réalisation revient à Karl Freund, novice à ce poste, mais qui a toutefois fait ses armes en tant que directeur photo sur le Dracula de Browning, et dont la réputation s'appuie sur une solide expérience de la prise de vues aux côtés de Fritz Lang, F.W. Murnau ou encore Paul Wegener dont le célèbre Golem, inspirera fortement Frankenstein.

Dans cette version, l'aspect "aventure" bien que présent, sera davantage développé dans le remake et la saga populaire de Stephen Sommers débuté en 1999. Dans la vision de Karl Freund, il est essentiellement question de créer une atmosphère angoissante autour de ce monstre inquiétant, tout en développant une intrigue poético-romantique entre ce dernier et sa princesse réincarnée.


Aujourd'hui inscrit à la postérité au fil de ses suites et de ses remakes inégaux, La Momie est devenue une œuvre culte et fascinante, depuis son ouverture prophétique illustrée par un extrait musical du ballet le Lac des Cygnes de Tchaïkovski - étrangement plusieurs films du studio, comme Dracula ou Murders in the Rue Morgue, utiliseront cette musique – jusqu'à sa conclusion qui célèbre la vie et l'amour triomphal face au mal.

Niveau peur, même si elle est aujourd'hui bien dépassée, l'angoisse naît des longs mouvements du sinistre Karloff, qui subissait huit heures de maquillage et dont le regard vide troublant, accompagné d'une musique anxiogène fait encore son petit effet aujourd'hui. On se souvient encore de ces gros plans fixes du monstre aux yeux perçants. Notamment lorsque l'un des archéologues voit la momie vivante et se met à rire comme un hystérique... Bonjour l'ambiance !

Aujourd'hui, La Momie reste une œuvre fondatrice, culte et à l'aura jamais égalé. Certes, ce classique pourra sembler vieillot pour les nouvelles générations de cinéphiles adeptes du viol oculaire marvelien, toutefois, malgré ses imperfections, et comme ses prédécesseurs made in Universal, la magie opère. Boris Karloff, lui, cédera sa place sur les quatre suites réalisées au cours des années 40 et qui seront, pour l'essentiel, interprétées par Lon Chaney Jr. (Le Loup-Garou).
N.F.T.


EN BREF
titre original : The Mummy
pays d'origine : États-Unis
budget : 196 000 $
année de production :  1932
date de sortie française : inconnue au cinéma / 1 mars 2016 (BD/DVD - Universal)
durée :  73 minutes
adrénomètre :
note globale : 3.5/5

† EXORCISME
▲ Poétique
▲ Boris Karloff
▲ Maquillages

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Coup de vieux
Imparfait
▼ Les suites sans Karloff

LE FLIP
Des plans fixes sur une momie au regard perçant...

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Dracula
Frankenstein
Le Loup-Garou

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