[Critique] INFERNO (1980) de Dario Argento

Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥]
 
Une jeune femme qui vient d’emménager dans un luxueux immeuble new-yorkais apprend que l'architecte l'a conçu pour trois divinités maléfiques qui gouvernent le monde. Alors que des événements étranges s'y multiplient, elle demande de l'aide à son frère, étudiant en musicologie à Rome.

Inferno est une deuxième plongée sous acide dans le cinéma alors halluciné de Dario Argento. Dans le sillon de Suspiria, sommet du macabre baroque, le réalisateur italien poursuit sa trilogie des Mères avec un sens toujours aussi aiguisé de l'horreur esthétisée à l'extrême.

Pire, il franchit une nouvelle limite et dépasse son précédent métrage en proposant une expérience cinématographique sonore et visuelle rare dans le domaine de l'horreur. Même le scénario, tout sauf limpide, ne semble pas vouloir se laisser appréhender au premier abord. Dario Argento entreprend alors, à partir d'éléments composites, la création d'une œuvre homogène, hermétique, à la plastique fascinante, et dessine un univers fantasmagorique se nourrissant de sa propre logique, au risque de laisser certains spectateurs à quai.


Évidemment, le metteur en scène italien fait tellement bouillir la marmite stylistique que ça finit parfois par déborder. Il faudra alors faire avec quelques séquences surjouées, d'étranges superpositions sonores entre les dialogues et la musique, ou des maquillages approximatifs, lors de la scène de la Faucheuse, qui, affublée d'un vulgaire déguisement d'Halloween, frise le ridicule. Peut-être est-ce là le prix à payer de la grandiloquence, de la recherche formelle ultime et d'une liberté artistique totale, dans laquelle peut s'exprimer une créativité exacerbée...


Difficile de comparer ce deuxième opus de la trilogie des Mères à Suspiria tant il regorge de petites imperfections qui viennent régulièrement parasiter l'immersion dans le film. Un peu à l'image de cette scène d'attaque de chat où l'on perçoit l'un des membres du staff jeter un félin... Toutefois, loin, très loin même, d'être un navet, Inferno contient ce que le réalisateur des Frissons de l'angoisse faisait de meilleur à l'époque, un cinéma généreux, inventif et débridé.
 
On demeure fasciné par ces mouvements de caméras aériens qui laissent planer un voile de mystère sur des scènes de violence sanguinolentes, même si moins extrêmes que Suspiria. On y retrouve toutefois ce goût pour les couleurs chatoyantes, et une musique omniprésente, toujours prompt à faire virer l'ensemble à un opéra de la terreur, quand elle n'est pas utilisée à contre-emploi comme cette envolée lyrique digne d'une spectacle musical durant la scène des rats. Un goût du paradoxe qui souligne à merveille l'esprit de l’œuvre, soit une trame de fond difficile à appréhender, presque dissimulée qui se confronte à une mise en forme très visuelles, à renfort de couleurs criardes et autre esthétique baroque. Du pur Dario Argento alors à l'apogée de sa créativité.
N.T.
EN BREF :
titre original : Inferno
pays d'origine : Italie
année de production : 1980
date de sortie française : 16 avril 1980
durée : 107 minutes
budget : 3 000 000 $
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

† HANTISE
▲ Réalisation totalement habitée
▲ Généreux, inventif, débridé
▲ Dario Argento au meilleur de sa forme

-  DÉMYSTIFICATION -
▼ Horreur graphique en deçà de Suspiria
▼ Scénario nébuleux
▼ Effets spéciaux parfois cheap

LE FLIP
Dans l'eau, personne ne vous entend crier...

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