[Critique] GHOUL (2012/2014 - DTV) de Gregory Wilson

ADRÉNOMÈTRE  ♠ 
NOTE  TV TV TV TV TV 

En 1984, dans une petite ville américaine, un couple de lycéens venu flirter dans le cimetière, que la légende locale prétend hanté par une goule, disparaît. Timmy, Doug et Barry, trois jeunes camarades, mènent l'enquête afin d'échapper à leurs problèmes familiaux. En exhumant les secrets les plus inavouables de leur ville natale, ils vont devoir faire face à leurs propres démons et à celui tapi dans l'ombre des pierres tombales...

Générique à la Creepshow, thème rock digne d'une adaptation d'un roman de Stephen King, puis un mioche frisé apparaît (Nolan Gould, alias Luke dans l'hilarante série Modern Family), vêtu d'une chemise à motif évoquant immanquablement celle de Chunk... Aucun doute, Ghoul va replonger le spectateur un brin nostalgique en pleines années 80. 

Toutefois, cette adaptation sous forme de téléfilm, du roman homonyme de Brian Keene, publié en 2007, se situe plus près du dramatique Stand by me que de la comédie potache des Goonies. Son petit côté mélo, plutôt réussi en début de métrage, le rapprocherait également, dans l'écriture, davantage de l'univers de Stephen King, à qui l'auteur est souvent comparé, et notamment son chef-d’œuvre, Ça. Et effectivement, sous de faux airs de film de gamin, tendance guimauve, Ghoul s'oriente progressivement vers des thématiques difficiles, voire casse-gueule, comme l'inceste, le deuil et l'enfance maltraitée, sur fond de dépression, d'infanticide et autre poids de la culpabilité. Oui, on a connu plus joyeux comme sujets...


Finalement, on comprend assez vite que cette goule tueuse n'est qu'un prétexte pour étaler toute une série de traumas, lâchés en roue libre et traités de manière superficielle, à tel point, et c'est là où le bât blesse, que le film se termine sans rien résoudre, comme s'ils n'avaient jamais été abordés. On retrouve toutefois cette cabane, ultime refuge pour ces jeunes, mais également menace puisque comme dans The Hole, elle abrite un trou qui alimente angoisses et fantasmes.

Le gros point faible de Ghoul, est qu'il se lance sur des terrains glissants, dont on attend une évolution, mais une fois arrivé en bout de course, il ne résout pas grand chose. On reste alors avec un sentiment d'inachevé et des tonnes de questions sur le devenir de ces gamins, victimes des névroses adultes. Certes, il ouvre des pistes intéressantes, voire carrément érudites, notamment dans la réplique (en VF) que Timmy extrait de l'une de ses BD : "Quand tu regardes dans l'abysse, l'abysse aussi regarde en toi !" Une maxime qui nous plonge directement dans l'usine à gaz philosophique Nietzschéenne et que les amateurs apprécieront. Toutefois, il faudra, du coup, se tourner vers le livre de Brian Keene pour aller plus loin. L'auteur y décrit alors un monde des adultes bien plus sombre, dans lequel les enfants finissent par les considérer encore plus dangereux que les monstres. Le Mal prenant alors la forme d'une malédiction qui semble ainsi se transmettre de génération en génération... 


Évidemment, on relève et apprécie cette réelle volonté d'innover, de se démarquer des films sur l'enfance, souvent aseptisés, qui rapproche naturellement Ghoul de l'univers du King. On en attend pourtant plus du réalisateur Gregory Wilson, qui avait cependant proposé une adaptation remarquable du dérangeant The Girl Next Door de Jack Ketchum. Malheureusement, le scénario, même en s'orientant vers une résolution réaliste, devient bien trop incohérent pour convaincre. Et même son petit côté "nostalgique" n'y change pas grand chose. Dommage, le film partait bien et l'intention était bonne, ce qui rend ce faux pas de Gregory Wilson, probablement desservi par le format téléfilm, pour le moins incompréhensible...
N.T.

EN BREF
titre original : Ghoul
pays d'origine : États-Unis
année de production : 2012 (TV)
date de sortie française : 21 octobre 2014 (DTV - Zylo)
durée : 82 minutes
adrénomètre : ♠
note globale : 2.5/5


† HANTISE
▲ Approche de l'enfance intéressante
▲ L'univers "Kingien"
▲ Le côté années 80

 -  DÉMYSTIFICATION -
▼ On attend plus de Gregory Wilson
▼ Scénario incohérent
▼ Format téléfilm

LE FLIP
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