LA NUÉE (2021) de Just Philippot [Critique] COMPÉTITION GÉRARDMER 2021

 
Évaluation du dossier : 5/5 []
Difficile pour Virginie de concilier sa vie d’agricultrice et de mère célibataire. Pour sauver sa ferme de la faillite, elle se lance à corps perdu dans le business des sauterelles comestibles. Mais peu à peu, ses enfants ne la reconnaissent plus : Virginie semble développer un étrange lien obsessionnel avec ses sauterelles…

C'est un passage au long-métrage remarquable pour Just Philippot qui livre avec La Nuée une fable effrayante sur la dérive productiviste, prétexte à un film catastrophe intimiste saisissant.

Enfants en pleine crise d'adolescence, complètement largués au contact d'une mère célibataire qui sacrifie tout sur l'autel de sa seule source de revenus, contexte de production effrénée imposée par un système qui met le profit au cœur de tout... Virginie se saigne en effet littéralement aux quatre veines pour ne pas sombrer et entraîner sa famille avec elle dans le gouffre. Au bord de la faillite avec son business de sauterelles comestibles, elle trouve enfin ce qui semble être la solution à ses problèmes de production, sauf qu'elle ne prend pas conscience qu'elle joue avec le diable et que le prix à payer pour la réussite de son affaire va bien au-delà de la valeur du service rendu…


La Nuée, n'ayons pas peur des mots, est un vrai chef-d'œuvre de l'épouvante, qui de plus, se paye le luxe de faire flipper sans un seul jump scare. Alors certes, il ne faut pas s'attendre à être éjecté de son siège par la peur, mais grâce à une approche réaliste proche du cinéma d'auteur particulièrement réussie, Just Philippot créée une tension qui va crescendo et se nourrit autant des relations conflictuelles que Virginie entretient avec son entourage (ses enfants, son ami, ses clients...) que de son impossibilité à trouver une solution alternative, et surtout moins malsaine, à une chute annoncée. À partir de là, le réalisateur convoque autant le cinéma de Cronenberg que celui de Hitchcock, sachant parfaitement créer de véritables visions de cauchemar jusqu'à un climax audacieux qui n'a rien à envier à d'autres films catastrophes environnementaux à plus gros budgets.


Intelligent, brillant, parfaitement écrit et réalisé, vous l'aurez compris, La Nuée est bien plus qu'un simple premier long-métrage prometteur pour Just Philippot. Son récit apocalyptique est aussi la preuve que la France est capable d'un cinéma de genre de qualité, original et sans concession. Son génie se situe notamment dans la cristallisation, avec force et conviction, des peurs environnementales contemporaines, dont l'impact, sans doute boosté par la situation sanitaire actuelle, ne peut qu'amorcer une remise en question. De là à faire frétiller les consciences pour revenir à des choses plus fondamentales et raisonnées avant d'avoir définitivement tout bousillé, ce serait une belle double réussite pour ce saisissant premier long-métrage !
N.F.T.

PRIX DE LA CRITIQUE
PRIX DU PUBLIC


EN BREF 
titre original : La Nuée
réalisation : Just Philippot
distribution : Suliane Brahim, Sofian Khammes, Marie Narbonne, Raphaël Romand, Victor Bonnel, Vincent Deniard...
photographie : Romain Carcanade
pays d'origine : France
budget : N.C.
année de production : 2020
date de sortie française : 16 juin 2021
durée : 100 minutes
adrénomètre :   
note globale : 5/5

† EXORCISME †
▲ Histoire immersive
▲ Réalisation
▲ Bonjour l'angoisse !

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Sortie en salle repoussée
▼ ...
▼ ...

LE FLIP 
Une manière de nourrir les sauterelles inattendue...


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AVIS DE FESTIVALIERS

L'avis de Nico

Note globale : 5/5 
Adrénomètre : ♥♥

Enfants largués, mère célibataire qui sacrifie tout sur l'autel de sa seule source de revenus, contexte de production effrénée, Virginie se saigne littéralement aux quatre veines pour ne pas sombrer et entraîner sa famille avec elle dans le gouffre. Au bord de la faillite avec son business de sauterelles comestibles, elle trouve enfin ce qui semble être la solution à ses problèmes de production, sauf qu'elle ne sait pas qu'elle vient de signer un pacte avec le diable, ce qui, en général, coûte bien plus cher que le service rendu… Intelligent, brillant, parfaitement écrit et réalisé, La Nuée est bien plus qu'un premier long-métrage prometteur pour Just Philippot, il est aussi la preuve que la France est capable d'un cinéma de genre de qualité, original et sans concession. La Nuée, n'ayons pas peur des mots est un chef-d'œuvre de l'épouvante, qui se paye le luxe de faire flipper sans un seul jump scare. Un seul mot pour résumer ce film : merci !


L'avis de Chris

Note globale : 4.5/5 
Adrénomètre : ♥♥

La Nuée met en exergue la pression qui pèse sur les épaules des entrepreneurs. Produire plus, plus vite, au détriment de sa santé et tout cela pour un salaire de misère. Le métrage est renforcé par un contexte de famille monoparentale : une mère célibataire et ses deux enfants, pas toujours conscients des sacrifices de cette dernière. Un film français qui remet en question notre société actuelle basée sur le profit, qui nous pousse à explorer les limites de nos scrupules et qui a juste ce qu'il faut d'horreur pour nous flanquer la trouille. On recommande vivement.


L'avis de Sylvain

Note globale : 3/5 
Adrénomètre : ♠

Just Philippot nous plonge dans une tension constante. Enfermée dans son élevage de sauterelles, le personnage de Virginie nous démontre que concilier vie de famille et travail, en tant que mère célibataire, n'est pas chose aisée. Produire plus, quoi qu'il en coûte, c'est bien l'adage qui caractérise cette pépite made in France. On ne sursaute pas, certes, mais on souffre avec les acteurs. 

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