GHOST STORIES (2017/2018 - VOD) de Jeremy Dyson et Andy Nyman

Évaluation du dossier : 4/5 []

Phillip Goodman est un professeur de psychologie qui ne croit pas aux fantômes. Il est un jour contacté par un célèbre démystificateur, son idole, qu'il croyait mort depuis des années et qui va l'orienter sur trois affaires qui ont bouleversé son esprit rationnel...


Distribué discrètement cet été par le bais de la VOD, Ghost Stories aurait amplement mérité un meilleur traitement au regard de sorties en salle pas toujours très à cheval sur la qualité...

Réalisée par Jeremy Dyson et Andy Nyman, Ghost Stories est une adaptation cinéma de leur spectacle londonien à succès. Inédit chez nous, il est joué outre-Manche pour la première fois en 2010 et s'exportera plutôt bien, notamment au Canada, en Australie et en Russie... Son aspect film à sketches est un hommage volontaire aux classiques de la Hammer ou encore de l'Amicus qui s'était fait une spécialité de ce type de format avec des œuvres telles Histoires d'outre-tombes, Le Caveau de la terreur, Asylum ou encore Le Club des monstres.


Ici, nous suivons Phillip Goodman, un sceptique élevé à la dure par un père juif rigoriste, qui s'est donné pour mission de démonter les phénomènes "pseudo" surnaturels afin de libérer ses semblables de leurs superstitions. Or, il fait un jour la rencontre de celui qui l'a inspiré, qu'il pensait mort, et qui l'oriente vers trois cas qui l'ont lui-même convaincu qu'il était dans l'erreur et que le surnaturel était bien réel. Ces trois histoires de fantômes, a priori sans lien, viennent s'intégrer naturellement au fil rouge et à l'enquête de Goodman. Ghost Stories devient dès lors un film à sketches qui s'intéresse d'abord à Tony, veuf éploré veilleur de nuit hanté par sa fille qu'il ne voit plus et surtout par des esprits  flippants qui ont investi son lieu de travail. C'est ensuite Simon que le psychologue rencontre, un jeune homme perturbé qui pratique l'occultisme qui lui raconte comment il a rencontré le diable après l'avoir renversé en voiture dans les bois. Puis c'est au tour de Mike de lui raconter son histoire, celle d'un poltergeist présent dans sa maison tandis que sa femme mourante donnait naissance à leur enfant. Enfin, le dernier segment se focalise de nouveau sur Goodman et s'oriente dans une direction inattendue jusqu'à un dénouement certes, sentant le déjà-vu, mais qui fonctionne merveilleusement bien dans ce contexte.


Derrière la caméra, Andy Nyman (qui interprète également Phillip Goodman) et Jeremy Dyson livrent une partition inspirée pour un voyage en montagnes russes comme on aimerait en voir plus souvent. Il est évident que le duo maîtrise son outil et le genre et sait jouer du hors-champ et de l'obscurité pour cueillir son public. Rien à redire non plus sur la bande originale aux accents mélancoliques signée Haim Frank Ilfman (Sensoria, The Etruscan Smile) qui apporte au récit une dimension dramatique très juste, bien qu'au début, en l'absence d'éléments pour le justifier, le spleen du personnage principal peut sembler un brin excessif. Malgré la photographie ultra soignée et contemporaine d'Ole Bratt Birkeland (The Devil's Chair, The Little Stranger), on retrouve cet esprit  "british" à l'ancienne qui manie l'ironie et le second degré avec finesse sans jamais perdre de vue qu'il faut aussi coller les miquettes de temps en temps.

Le casting est également au top, en la présence de Martin Freeman (Le Hobbit, Black Panther, Shaun of the Dead), très précis, comme à son habitude et qui apporte avec brio cette plaisante touche pince-sans-rire. Andy Nyman (Severance, Kick-Ass 2) endosse quant à lui le rôle du personnage principal, un enquêteur sceptique qui peine à dissimuler sa fragilité dont le vernis craquelle peu à peu. Alex Lawther (Imitation Games, Le Monde de Nathan), que l'on attendait au tournant après sa prestation notable dans la série Netflix, The End of the Fucking World, est également de la partie et son interprétation tirée au cordeau justifie totalement sa présence. On retrouve également au casting Paul Whitehouse (Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, Cadavres à la pelle), Lesley Harcourt (Shopping de nuit, The Party's Just Beginning) ou encore Christine Dalby (Miss Peregrine et les enfants particuliers, Eaten by Lions).


Si Ghost Stories tire son épingle du jeu, c'est parce qu'il est parfaitement emballé, et bien que le "maillage" final paraisse sous-exploité, le long-métrage bénéficie d'une superbe photographie et s'avère suffisamment limpide sans tomber non plus dans la simplicité. En creusant le thème des croyances et de la foi, il explore des questions universelles, notamment le concept de culpabilité hérité des religions judéo-chrétiennes, et redouble d'ingéniosité pour introduire la notion de fantastique. Des qualités assez rares pour être soulignées, puisque l'on est souvent étroitement coincés entre les productions djeuns sans saveur et d'autres plus pertinentes mais excessivement complexes. À la lumière de la conclusion de Ghost Stories s'envisage, pour le spectateur curieux, la possibilité de s'offrir un second visionnage afin de mieux en cerner les subtilités qui lui avaient échappé. L'œuvre prend alors une autre dimension, pas moins fascinante et c'est bien là toute sa force.
N.F.T.


EN BREF
titre original : Ghost Stories
distribution : Andy Nyman, Martin Freeman, Paul Whitehouse, Alex Lawther, Paul Warren, Kobna Holdbrook-Smith...
pays d'origine : Royaume-Uni
budget : N.C.
année de production : 2017
date de sortie française : 15 août 2018 en VOD
durée : 98 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 4/5



† EXORCISME † 
▲ Réalisation soignée
▲ Flippant
▲ Casting en béton armé

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Dénouement peu original (dans le principe)
▼ Parfois lent
▼ Concept légèrement sous-exploité

LE FLIP
Le twist final...


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