[Critique] THE EYE (2002/2003) de Danny & Oxyde Pang

Évaluation du dossier : 4/5 [♥♥♥]

Mann est aveugle depuis l'âge de deux ans. Dix-huit ans plus tard, à la suite d'une transplantation expérimentale de la cornée, elle recouvre l'usage de ses yeux. Mais bientôt, il semble que la redécouverte de ce sens dépasse toutes ses attentes. En effet, ses nouveaux yeux voient ce que les autres ne voient pas et de terribles visions lui apparaissent...


Ghost story très inspirée de Sixième Sens ou du cinéma de Hideo Nakata, Dark Water en tête de proue, The Eye, fait partie de cette nouvelle génération de films d'épouvante qui venaient booster le genre durablement, le remettant au goût du jour.

Près de 15 ans après sa projection éprouvante au festival de Gérardmer, le visionnage du DVD (l'unique format officiel disponible sur le territoire français) de ce deuxième film de Danny et Oxyde Pang accuse un petit coup de vieux. Certes, l'avènement de la HD et du format Blu-ray tend à pointer les défauts de nos DVD avec leur image floue ou granuleuse, mais quelques tics de montage, de type vidéoclip viennent aussi accentuer l'impression de vieillissement. Toutefois, on ne peut pas non plus reprocher à la fratrie Pang sa tentative d'innover et sa mise en scène dynamique renforcée par un montage aussi serré que le budget de The Eye, que l'on imagine d'ailleurs essentiellement dépensé dans le dernier acte du film.


En plus du travail d'identification assez efficace et primordial pour être au plus près du personnage de Mann, les frères Pang jouent sur la suggestion, les effets de hors-champs, mais aussi sur la bande sonore qui vient amplifier la menace de chaque apparition. On peut à ce titre souligner le travail poussé sur le mixage audio alternant effets sonores aussi percutants que stressants et plages de silence, venant d'une certaine manière rattraper d'autres lacunes incompréhensibles, comme cet horrible enregistrement de violon synthétisé (ou alors déformé par un effet du plus mauvais goût) sur des images de Mann jouant sur l'instrument à cordes.

Niveau flip, le compte y est, et les spectateurs de Gérardmer se souviennent sans doute encore de ce concert de cris durant la première partie du métrage, éprouvante niveau flip. Ensuite, The Eye bascule dans le thriller fantastique de facture un peu plus classique poussant même le bouchon, dans sa visite des genres, à s'aventurer dans les contrées du film catastrophe lors de son dernier acte. Si le risque de perdre une frange de son public est évident devant une telle mosaïque de genres, on ne peut que s'incliner devant un tel rendu final pour un budget aussi faiblard, avoisinant les 900 000 $.



Avec The Eye, les frères Pang livrent une première œuvre d'épouvante qui, au-delà de ses expérimentations un peu kitsch, tape fort et baigne dans une atmosphère suffisamment mortifère et mystique pour créer un climat de tension continu. Si on peut tiquer sur les quelques facilités scénaristiques, notamment en termes de pathos, à mettre sur le compte d'une douce naïveté, impossible en revanche de ne pas lui reconnaître sa fonction divertissante – et flippante – et ses quelques pistes de réflexion sur le handicap et les difficultés d'adaptation au monde extérieur, sur la peur de l'autre, de la différence, de la mort. Et puis il est amusant de constater au final que puisque l'amour rend de toute façon aveugle, l'héroïne n'a pas forcément besoin de yeux...
N.T.


EN BREF
titre original : Jian Gui
pays d'origine : Hong Kong / Singapour
budget : 900 000 $
année de production : 2002
date de sortie française : 27 août 2003
durée : 98 minutes
adrénomètre : ♥♥♥
note globale : 4/5

† EXORCISME †
▲ Première partie flippante
▲ Travail sonore
▲ Mise en scène inspirée

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Le son du violon
▼ Pathos facile
Deuxième partie moins flippante

LE FLIP
Mann agressée par un fantôme lors d'un cours de calligraphie...

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Les Yeux de Julia
Dark Water 
The Eye 2
The Eye 3


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