Livide (2011) de Julien Maury et Alexandre Bustillo

ADRÉNOMÈTRE  ♠ 
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En Bretagne, la nuit d'Halloween, Lucie Clavel et deux copains décident, sur un coup de tête, de cambrioler la maison de Deborah Jessel, une professeur de danse classique, aujourd’hui centenaire énigmatique plongée dans le coma. Durant cette nuit tragique et fantastique, Lucie percera le mystère de cette demeure ainsi que le secret de la vieille femme.

Mise en scène soignée, de nombreuses références au cinéma d'horreur, au bis italien, un décor qui a de la gueule, de l'angoisse, des idées visuelles barrées... le duo de réalisateur Julien Maury et Alexandre Bustillo sait mettre en place une ambiance glauque et faire plaisir aux cinéphiles amateurs du genre. Malheureusement, toutes ces qualités n'empêchent pas le film de chuter et prendre cher à cause de quelques défauts aussi embarrassants qu'une acné au milieu du nez.
En effet, si le casting féminin est plutôt convaincant avec Chloé Coulloud en jeune fille curieuse et l'excellente Catherine Jacob en infirmière froide et mystérieuse, on ne peut pas en dire autant des rôles masculins. Peu concernés par leurs rôles et pas toujours très justes, ils souffrent de problèmes de diction qui, au lieu de donner un côté réaliste comme le cherchaient probablement les réalisateurs, nous font sortir de facto de l'histoire. Ce qui a tendance de surcroît à rendre encore plus insupportables les réactions souvent incompréhensibles des personnages, voire peu crédibles (Ben va tripoter un miroir à l'autre bout de la pièce pendant que ses potes, menacés et paniqués cherchent à quitter les lieux)...


Pourtant, tout n'est pas à jeter dans Livide, loin de là même. Ses décors, sa musique et sa mise en images sont souvent ultra inspirés et parviennent à immerger le spectateur dans ce climat glauque, imposé principalement par cette grande bâtisse mystérieuse et menaçante. Assez cérébral et codé, malgré un scénario bancal, ses meilleures scènes le rapprochent parfois de l'esprit torturé et glauque de Silent Hill, de la folie de Massacre à la Tronçonneuse et du cinéma de Dario Argento, période Suspiria et autres œuvres débridées. Les amateurs d'horreur pourront ainsi profiter de quelques scènes gores, même si ce dernier est moins présent que dans leur précédent métrage, À l’intérieur. Le peu de scènes d'action n'en demeurent pas moins stressantes et dynamiques, et le duo de réalisateurs réussit à créer, maintenir et développer une atmosphère angoissante et poisseuse au fil du métrage, et ce, même s'il ne parvient jamais à vraiment foutre la trouille.

Mais qu'importe, Livide peut aussi se vivre comme une expérience cinéphilique teintée de poésie noire. Et malgré un résultat qui n'est clairement pas à la hauteur de l'ambition affichée, le spectateur a alors le choix d'abandonner toute tentative de compréhension pour se laisser porter par ce voyage au bout de l'horreur. Car derrière ce goût persistant de symphonie macabre inachevée, éclot, à l'abri de regards trop étriqués, une œuvre singulière qu'il serait dommage d'ignorer. Du coup, l'envie reste intacte de connaître la prochaine étape de cette collaboration entre Julien Maury et une ancienne plume de la revue Mad Movies, Alexandre Bustillo.
N.T.

En bref :
titre original : Livide
pays d'origine : France
année de production : 2011
budget : 5 000 000 €
date de sortie française : 7 décembre 2011
adrénomètre : ♠
note globale : 2.5/5

Le flip : Les résidents de la demeure.



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